22 Août 1915: "Il est venu un ordre tantôt de nous tenir prêts pour le 17... Ne te fais pas de souci; il y en a de plus en danger que nous... Après tout, il ne faut pas s’en faire; il faut suivre la destinée jusqu’au bout. Tu me promettras d’être bien courageuse et de ne pas te faire de mauvais sang..."

Lundi 16 août 1915 J’ai reçu tantôt ta carte lettre du 13 qui m’a fait bien plaisir Je vais toucher l’argent de mon mandat ce soir à 7h 30. Heureusement, car je pense que nous partons demain. Il est venu un ordre tantôt de nous tenir prêts pour le 17. Nous nous en allons à la 5ème armée. Nous allons servir des pièces de 155 court. Ne te fais pas de souci; il y en a de plus en danger que nous. Ces pièces-là tirent sous de grands angles. Il y a de grandes chances qu’elles soient placées au pied d’une colline. Elles ne sont pas faciles à attraper quoique repérées. Les coups sont toujours courts et longs. Tant qu’elles ne sont pas prises de flanc, il n’y a pas beaucoup de danger.

Après tout, il ne faut pas s’en faire; il faut suivre la destinée jusqu’au bout. Tu me promettras d’être bien courageuse et de ne pas te faire de mauvais sang. Il me semble que tu t’es faite à l’idée que je resterai ici; cela fait du changement. Après tout, s’il y a à souffrir ce sera pour moi. Ce n’est même pas cela qui m’empêchera d’aller en permission. La batterie à Rougeaud est partie voilà quelques jours. Il y a bien des batteries qui sont parties au front depuis un an qui ont eu 4 ou 5 morts et quelques blessés. Tu vois, ce n’est pas si terrible.